|
Temple,
monastère, université, le Preah Khan a été bâti sur les lieux mêmes de la
bataille qui a vu la victoire de Jayavarman VII sur les Chams, après l'invasion
d'Angkor par ces derniers en 1177. Il s'agit d'un grand ensemble qui
couvre 56 hectares. Il est formé d'une multitude de constructions réalisées à
plat, dont l'enchevêtrement est assez complexe, du fait des diverses fondations
religieuses qui y ont été édifiées. Ce grand Temple est prolongé vers l'est par
un important bassin, aujourd'hui asséché, dont le centre est occupé par l'Ile et
les bassins du Neak Pean.
En arrivant de l'ouest, on emprunte d'abord une allée de terre de 10 m de large,
bordée sur ses deux côtés de bornes de pierre posées sur un socle continu en
grès. Hautes de 2 mètres, elles se composent d'un court pilier carré mouluré de
40 cm de côté, décoré sur ses quatre faces d'un lion dressé (lion-atlante).
Surmontant le pilier, un massif de pierre, carré, plus large que le pilier, se
termine en bouton de lotus. Ce massif était orné sur ses quatre côtés d'une
représentation de Bouddha assis sous une arcature « flammée », mais chaque
sculpture a été bûchée au cours de la réaction brahmanique du XIIIe siècle. Tout
de suite après ces bornes, la chaussée s'élargit à près de 15 m. Elle est dallée
de grès et limitée, à gauche comme à droite, par des géants qui tiennent le
corps d'un naga dans leurs bras. Cette allée, traversant des douves, se poursuit
jusqu'à rencontrer la 4e enceinte. |
|
|
|
|
|
Le mur de
latérite qui délimite la 4e enceinte, forme un rectangle de 700 m de
large sur 800 m de long, pour une hauteur de plus de 5 m. Ce qui caractérise
surtout cette muraille, ce sont les Garuda géants dressés qui la ponctuent.
Taillés dans le grès, ils sont encastrés dans le mur et en occupent toute la
hauteur. On trouve ces motifs aux angles de l'enceinte et tout le long de la
muraille, installés tous les 50 m, soit au total 62 représentations de Garuda
dressés, sur les 3 km de développé du mur d'enceinte qui est surmonté d'une «
crête » en grès représentant des Bouddha, bûchés maintenant.
Le
gopura ouest de la 3e enceinte est en forme de croix avec une extension
sur les branches nord et sud. Large de 25 m et long de 40 m, son porche à quatre
piliers est surmonté d'un fronton sculpté.
L'entrée est précédée de part et
d'autre du passage par des gardiens (Dvarapala) de grès, de haute stature,
malheureusement décapités.
Le cloître du côté ouest est un ensemble rectangulaire de 30 m de large
sur 40 m de long. Il est formé d'une galerie périphérique et d'une galerie
médiane orientée suivant l'axe est-ouest. Il se compose d'une succession de
couloirs, de salles oblongues et de pavillons, ayant une largeur moyenne ne
dépassant pas les 2 m. Une toute petite « bibliothèque » est coincée dans la
petite cour du quart nord-ouest. La plus grande partie de ce « cloître » s'est
maintenant écroulée, mais on peut y voir quelques frontons intéressants sur
lesquels sont représentés des scènes avec Visnu et ses avatar. L'intérieur des
galeries est assez sombre, mais on peut deviner au-dessus de quelques portes des
frontons sculptés. En sortant du « cloître » par son pavillon est, on se trouve
immédiatement en présence de la 2e enceinte. |
|
|
|
|
|
La
cour intérieure sud-ouest de la 1ere enceinte, un peu plus grande que
la précédente avec ses 25 m de long, possède aussi un « pilier à luminaire »
placé au centre, et les bâtiments qui l'occupent sont, en quelque sorte, en
symétrie avec ceux de la cour nord-ouest. On remarquera que la plupart des «
chapelles » ont leurs parois décorées de Devata aux angles et d'ascètes
assis sous arcature sur les murs. La frondaison qui les entoure est
magnifiquement sculptée.
Le
gopura est de la 3e enceinte, qui est très étendu, avec ses 106 m,
résulte de l'assemblage de plusieurs gopura cruciformes et de galeries plus
ou moins longues.
Le gopura central, situé sur l'axe est-ouest, mesure 14 m sur cet axe, avec
ses deux vestibules, et 18 m dans le sens perpendiculaire, où il est
prolongé sur chacune des branches de la croix, par deux galeries
relativement courtes, éclairées par des fenêtres sur la face est, les
reliant à deux autres gopura cruciformes, plus petits, avec 15 m de côté. La
couverture de cet ensemble se fait par voûte et demi-voûte en
encorbellement, avec une surélévation au droit de chaque gopura. Certains
frontons qui surmontaient les porches manquent. Ceux encore en place ont
leur tympan bûché.
Deux arbres géants ont poussé sur la toiture de la galerie sud du gopura.
Leur grande hauteur et leur position inclinée défient les lois de
l'équilibre, car ils sont uniquement « amarrés » par leurs longues racines
qui coulent de la toiture pour serpenter ensuite sur le sol. |
|
|
|
|
|
Posée sur un
soubassement de latérite de 1,60 m de haut, une plate-forme à deux redans, large
de 11 m et longue de 28 m, supporte un bâtiment en retrait, composé de
trente-deux colonnes rondes à tambours de pierre. Aux extrémités est et ouest du
bâtiment, quatre colonnes délimitent un porche plus étroit, de 5 m de
profondeur, alors que le corps de bâtiment comprend sur chacun de ses côtés deux
rangées de six colonnes chacune, surdimensionnées, avec une circonférence de
2,70 m pour une hauteur de 3,50 m. Ces colonnes possèdent une base et un
chapiteau décorés. La destination de ce bâtiment demeure toujours aussi
mystérieuse. Certains auteurs y voient un grenier à céréales. D'autres pensent,
peut-être avec davantage de vraisemblance, à une sorte de promontoire d'où le
roi et les dignitaires pouvaient assister aux spectacles qui se déroulaient sur
la terrasse du massif de latérite qui lui fait face à l'ouest et,
éventuellement, aux évolutions nautiques qui avaient lieu sur le bassin de 20 m
sur 50 m situé tout près, sur le côté nord.
à 11 m à l'ouest de l'édifice sur colonnes et dans son prolongement, se situe un
massif de latérite à retraits successifs. Sa base rectangulaire à redans mesure
10 m sur 28 m, alors que sa terrasse supérieure n'est plus que de 6 m sur 18 m.
On accède à cette terrasse, haute de 3,50 m au-dessus de la chaussée, par deux
escaliers de quatorze marches chacun, situés aux extrémités est et ouest. Ils
sont flanqués de murs d'échiffre, surmontés de quelques lions de pierre assis.
Tout comme l'édifice sur colonnes, ce massif de latérite pose problème quant à
son utilisation : s'agit-il d'une plate-forme pour les danses ou d'un lieu pour
les crémations princières ? Les deux hypothèses semblent pouvoir être retenues. |