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RABAT

Maroc
Rouge avec pentagone étoilé vert
 (sceau de Salomon) au centre (1915)
Rabat
Photo Satellite Rabat

Rabat est la Sala Colonia de la Maurétanie romaine au IIIème siècle av. JC sous le règne de Trajan. Vers le Xème siècle, les berbères Zénètes en font la base de départ de leurs expéditions contre les musulmans en construisant un ribât, ou monastère fortifié, sur les falaises de la rive sud de l’oued. Le souverain almohade Abd el-Moumen la transforme en un lieu de rassemblement des combattants de la foi destiné à combattre les armées chrétiennes en Espagne et en Tunisie. Son petit fils, Yakoub al-Mansour élève à Rabat une enceinte fortifiée et une mosquée, dont la tour Hassan demeure le seul vestige. Malgré quelques attentions de la part des Mérinides, la ville ne cesse désormais de décliner, et au XVIème siècle elle se réduit à une centaine de maisons.

Il faut attendre 1609 pour observer le réveil de Rabat. Chassés par Philippes III, les derniers Maures d’Espagne s’installent dans la médina de Rabat. Ils deviennent corsaires et finissent même par organiser, en 1627, leur propre structure politique. C’est la République des deux rives, qui dure de 1627 à 1641. Si Rabat et Salé ne sont pas totalement négligés sous le règne de Moulay Ismaïl, c’est qu’elles fournissent au sultan argent et surtout esclaves chrétiens pour mener à bien la construction de Meknès. La ville se verra accorder le statut de capitale impériale pour la première fois au XVIIIème siècle, sous le règne de Mohammed ben-Abdellah (1757-1790). Les souverains alaouites embelliront le patrimoine architectural de la ville, notamment en construisant le palais Dâr al-Makhzen. En 1912, le général Lyautey transfère de Fès à Rabat le siège de sa résidence, faisant de la ville la capitale du Maroc.

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Rabat l’ancienne se compose de trois entités distinctes : la médina, la casbah des Oudaïa et la nécropole de Chella. La muraille qui entoure la médina fut élevée en grande partie sous le règne de Yakoub al-Mansour (1184-1199). Bâti solidement d’un mélange de chaux, de cailloux et de briques pilées, le rempart a admirablement résisté à l’usure du temps. Le rempart le plus regardé à Rabat est celui des Andalous, qui s’étire en ligne droite sur plus de 1400 mètres au sud de la ville. Haut de cinq mètres environ, le mur est percé de plusieurs portes almohades.

L’accès à la médina se fait par une série des six portes monumentales exceptionnellement conservées, bâties par les Almohades au XIIème siècle. Les ouvertures sur les deux faces sont soignées : un grand arc brisé outrepassé, en pierre taillée, assorti d’une ornementation monochrome simple. La rigueur et l’harmonie des proportions de ces ouvrages les apparentent directement à l’architecture hispano-mauresque des grands empires.

La médina fut construite par les Morisques au XVIIème siècle selon un tracé d’une régularité peu commune dans les médinas marocaines. Les maisons et les quartiers s’étalent sur une soixantaine d’hectares selon un plan assez rectiligne. Les ruelles et les impasses viennent se greffer sur le réseau principal sans donner au plan de la voirie une figure de labyrinthe comme c’est le cas dans la plupart des médinas. Les petites maisons simples, construites généralement en pierres, enduites et blanchies à la chaux, blotties dans les quartiers de la médina, sont typiques de l’habitat morisque des XVIIè et XVIIIème siècles. (Bo 108 à 137)

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La mosquée Hassan s’inscrit incontestablement parmi les joyaux hérités de la dynastie almohade. Aujourd’hui ne subsiste de ce vaste projet que de gigantesques colonnes et un minaret majestueux, la tour Hassan. Les travaux auraient débuté en 1196 sous l’égide du souverain almohade Yakoub al-Mansour. Sa mort en 1199 laissa l’ouvrage inachevé. Au fil du temps, les matériaux de sa construction furent pillés et le tremblement de terre de 1755 acheva de la réduire à l’état de ruine. La mosquée Hassan, dont l’esplanade contemporaine recouvre un immense rectangle, devait être le plus édifice religieux de l’Occident musulman.

La mosquée al-Sounna, construite au XVIIIème siècle par le souverain Sidi Mohammed Ben Abdellah, occupe un lieu stratégique dans la ville moderne, à l’extrémité nord de l’enceinte des Touarga. Son beau minaret, visible de loin, domine fièrement Rabat.

De la mort prématurée de Yakoub al-Mansour jusqu’à l’avènement des Alaouites, Rabat ne posséda pas de résidence royale. Le palais de la casbah des Oudaïa, où résidaient les sultans alaouites lors de séjour à Rabat, date du règne de Moulay Ismaïl. La tradition marocaine veut que ce soit le fils et successeur de ce roi, le prince Moulay Mohammed al-Dehbi, qui ait conduit les travaux de cet édifice entre 1672 et 1694. Ce palais est construit selon les dispositions de la demeure citadine marocaine. Il comprend un édifice principal organisé autour d’une cour et bordé sur ses quatre côtés de grandes pièces rectangulaires. Un beau jardin rectangulaire de type andalou, aménagé au sud du palais, l’agrémente et lui confère le statut de résidence princière.

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Le palais royal (Dâr al-Makhzen), qui date de 1864, a été érigé sur les ruines de l’ancien palais royal construit à la fin du XVIIIème siècle par Sidi Mohammed ben Abdellah. C’est un complexe architectural qui s’étend sur une aire immense entourée d’une enceinte particulière. On y trouve la cité du gouvernement, qui comprend le palais proprement dit, une mosquée, des casernes pour la garde, un collège royal, un petit champ de courses et divers édifices ministériels. Tous ces bâtiments, coiffés de toits en bâtière ou en double bâtière de tuiles vertes, sont structurés selon le modèle de la maison citadine traditionnelle ; ils sont orientés vers de vastes jardins et cours intérieures très agrémentés.

Le mausolée de Mohammed V, le plus récent et le plus majestueux des monuments alaouites de Rabat, témoigne du culte dont fait l’objet le père de l’indépendance. Roi consacré et très respecté par son peuple, il ne fut réellement inhumé dans ce mausolée qu’en 1971. Placé sur un socle haut de 3,5 mètres, bâti en marbre blanc, le monument est coiffé d’un toit pyramidal recouvert de tuiles vertes. Les quatre faces du cube de marbre sont percées de trois portes coiffées d’arcs polylobés, celle du centre étant plus grande que les deux autres. D’un balcon on peut admirer le sarcophage taillé dans un bloc d’onyx blanc posé sur une surface de granit poli. Dans un angle du mausolée on peut remarquer la tombe en marbre du prince Moulay Abdellah, décédé en 1983. Toute l’ornementation respecte parfaitement la tradition des nécropoles royales : coupole à stalactites peintes, frises calligraphiques, bandeaux de plâtre ciselé et doré, zelliges polychromes.

Sur la rive méridionale de l’oued Bou Regreg se dressent les ruines de l’ancienne ville romaine de Sala. Ce fut le premier calife de la dynastie mérinide, Abou Youssef Yakoub, qui choisit cet emplacement précis pour la retraite et le recueillement. Il y fit construire une mosquée, au milieu des ruines de l’ancienne Sala romaine, et y enterra sa femme en 1284. Après sa mort, survenue en 1286, il y trouva ensuite sa propre sépulture. Ses deux successeurs y sont également enterrés.

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Le site de Chella a connu successivement des périodes d’abandon et d’attention soutenue. Le sultan Abou Saïd (1300-1331) et son fils Abou al-Hassan (1331-1351) reprirent les traditions des premiers princes mérinides et donnèrent à la nécropole royale tout son faste. Le dernier surtout décida de bâtir un complexe funéraire intégral. Il édifia les murailles imposantes ; son chemin de ronde est renforcé de vingt tours carrées disposées à des distances plus ou moins régulières, également crénelées et en saillie sur la muraille. L’entrée principale, monumentale et riche en décors sculptés, se trouve à l’ouest. Elle revêt la forme d’une baie impressionnante, flanquée de deux tours octogonales.

Après avoir franchi la voûte coudée, on découvre un vallon d’une beauté surprenante. On y observe un ensemble de bâtisses en ruine qui émergent ici ou là. Une partie du domaine est occupée par les ruines de la ville romaine et l’autre est dédiée aux sanctuaires mérinides. Au point le plus bas de l’enclos se trouve le complexe funéraire d’Abou al-Hassan contenant encore aujourd’hui les ruines de la mosquée d’Abou Youssef. Le minaret, fort endommagé, était certainement l’un des plus beaux de cette période. Aujourd’hui c’est le refuge préféré des cigognes. Dans l’espace resté libre  le sultan Abou al-Hassan avait fait aménager un jardin très élégant, planté d’orangers et de citronniers. C’est là qu’il fit construire son propre mausolée, un joyau de pierre sculptée et de faïence, coiffé jadis d’une coupole aujourd’hui complètement effondrée. La nécropole fut définitivement abandonnée à la fin de la dynastie mérinide et subit au cours des siècles plusieurs pillages. En 1755 un tremblement de terre précipita sa destruction. La nature sauvage envahit la pierre, des centaines de cigognes et d’autres échassiers s’approprièrent le site, installant leurs nids sur les arbres et le minaret. Le lieu a repris son caractère de retraite sacrée. Ainsi la source des Canons où glissent des anguilles, est vénérée : on prête à ces animaux le pouvoir de guérir la stérilité.

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