Ce tableau, un des plus célèbre de
Caillebotte, qui transmet l'image du monde ouvrier du siècle de la
Révolution Industrielle, est réalisé à Paris, lors de
travaux effectués dans l'hôtel particulier de la rue de Miromesnil.
Ces torses nus qui laissent apparaître le relief des vertèbres, les épaules
musculeuses et les bras fuselés rappellent que l'artiste a étudié l'anatomie
dans l'atelier de Bonnat. Le visage masqué ou à peine
visible des travailleurs traduit leur concentration et le côté pénible de
leur tâche. Les seuls éléments de leur environnement en sont le reflet : sac
à outils, marteau, racloir, rabot, lime, bouteille et verre.
La prise
de vue en surplomb et l'absence de plafond compriment l'espace et nous
renvoient au sol d'apparence pentue où les personnages sont tassés. La
perspective linéaire des horizontales et des verticales donne au regard de
plonger directement sur ces torses raides et ces bras éclairés, seuls à se
mouvoir dans ce décor statique. |
Dans cet intérieur dont la palette tend à s'éclaircir, le
bas de la fenêtre laisse passer une lumière, qui par des effets de
clair-obscur, modèle le relief des muscles et des os et joue de ses reflets
sur les outils et les parties brillantes du parquet, faisant ressortir le
rectangle déjà mat. Derrière les arabesques de la grille, se profilent les
immeubles de la rue. |