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Ganesh,
Ganapati
ou encore Ganesha
compte assurément parmi les divinités les plus populaires et les plus
révérées de l’Inde brahmanique. Pour des millions d’hindous, il est le dieu de
la sagesse et du succès et le seigneur des obstacles, qu’il élève devant les pas
de ceux qui négligent de le vénérer et qu’il écarte du chemin de ses adorateurs. Ganesh est aussi considéré comme le patron des lettres, de l’écriture et du savoir. Son culte, fervent dans l’Inde entière, a largement débordé les frontières de sa terre natale pour aborder, sous des formes spécifiques parfois liées au bouddhisme, aux rivages de l’Asie du Sud-est, de la Chine et du Japon, ou encore des contrées himalayennes. Pourvu d’une tête d’éléphant munie d’une seule défense et d’une trompe recourbée, d’un corps replet et d’un ventre rebondi, doté d’un rat pour monture, le dieu pose sur ses dévots innombrables le regard enjoué de ses yeux pétillants de malice et d’intelligence. | |||
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De nombreuses légendes
souvent contradictoires, relatées dans les Purana (ensemble de textes
épiques sanskrits écrits à partir du 4ème siècle après J.C.) et dans
certains Agama (somme importante de textes renfermant des indications
concernant les rituels, les pratiques yogiques et la construction des
temples), évoquent la naissance de Ganesh
et tentent d’expliquer de façon plus ou moins convaincante la singulière
apparence d’un dieu doté d’une tête d’éléphant sur un corps d’homme.
Certaines de ces légendes font de Ganesh le produit divin
des amours de Shiva et Parvati ; d’autres au contraire, le disent crée par
Shiva seul, ou encore par la seule Parvati. D’autres enfin font même de Ganesh une incarnation du dieu Krishna ; ainsi le Brahmavaivarta-Purana rapporte que Krishna se manifesta un jour à Parvati sous les traits d’un bel enfant. Les dieux vinrent aussitôt l’admirer, mais le regard maléfique que Shani (Saturne) posa sur l’enfant réduisit sa tête en cendres ou, selon une autre version, la fit s’envoler. La tête de l’un des fils de l’éléphant Airavata, monture du dieu Indra, fut alors fixée sur le corps de l’infortuné, lui conférant ainsi son apparence hybride. |
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Le Vamana-Purana, le
Matsya-Purana, le Skanda-Purana attribuent la création de Ganesh
à Parvati ; alors qu’elle se baignait, la déesse façonna, avec l’écume et
les impuretés nées de son corps, un être à tête d’éléphant et lui donna vie
en l’aspergeant d’eau du Gange. Le Linga-Purana le dit crée par Shiva, afin
de triompher des ennemis des dieux. Le Varaha-Purana le dépeint sous les
traits d’un jeune homme beau comme le jour, qui naquit de l’éclat irradiant
du front de Shiva absorbé dans une très profonde méditation. Mais Parvati,
qu’avait troublé son insolente beauté, le maudit, le vouant dès lors à
arborer une tête d’éléphant sur un corps difforme et obèse. Le Shiva-Purana relate que Shiva, dans sa fureur, trancha de son trident la tête de Ganesh un jour que celui-ci, montant la garde devant les appartements où Parvati se baignait, prétendit empêcher le dieu d’y pénétrer. Afin d’apaiser le courroux de Parvati, Shiva promit alors de remplacer la tête tranchée de sa victime par celle de la première créature vivante qui viendrait à croiser son chemin : ce fut un éléphant à une seule défense, ce qui valut à Ganesh d’être également appelé Gajanana (celui qui a une tête d’éléphant) et Ekadanta (celui qui n’a qu’une défense). Shiva, radouci, lui confia de surcroît le commandement de ses cohortes de génies, ou gana, et le dieu fut alors connu sous les noms de Ganesa ou Ganapati, le seigneur des Gana. Plus souriante est la version donnée par le Suprabhedagama, qui attribue la naissance de Ganesh aux amours de Shiva et Parvati au cœur des sombres forêts himalayennes. Emus par les ébats d’un couple d’éléphants, le dieu et la déesse revêtirent à leur tour l’apparence d’éléphants et, de leurs jeux amoureux, naquit Ganesh. C’est, du reste, en tant que fruit des amours divines de Shiva et Parvati que Ganesh est de nos jours le plus communément vénéré et qu’il compte au nombre des divinités les plus populaires du panthéon brahmanique. | ||||
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L’extrême popularité
dont jouit Ganesh procède à n’en pas douter de sa qualité
de seigneur des obstacles, que révèle un autre des ses noms : Vighneshvara.
C’est à ce titre qu’il suscite la ferveur de millions d’hindous. Il est
d’entre tous les dieux celui que beaucoup invoquent en premier, le premier
auquel s’adresse le rite quotidien. Il est surtout celui que l’on prie au
commencement de toute entreprise, afin d’écarter les périls et d’en garantir
le succès. Car Ganesh-Vighneshvara est le dieu qui à la fois possède le
pouvoir de susciter les obstacles qui entraveront les actions des impies et
de les écarter du chemin des fidèles. Vighneshvara-Ganapati, à l’instar de
l’éléphant dont il arbore la tête, détruit les obstacles qui entravent les
actions des hommes justes et pieux. Ganesh, comme tous les dieux hindous, possède en outre une monture (vahana) : le rat. Là où la force brute de l’éléphant vient à bout des obstacles les plus considérables, la malice du rat esquive à loisir les embûches et déjoue les pièges. Ainsi le dieu et sa monture incarnent-ils, de façon métaphorique, deux aspects complémentaires et distincts d’une même irrépressible volonté. Encore convient-il de rappeler une légende attestée en Inde du Sud et selon laquelle Ganesh, affrontant un jour un démon, le pourfendit de sa défense ; le démon se métamorphosa aussitôt en rat et le dieu en fit alors sa monture. Dans le Mahabharata (IVème s. av J.C. – IVème s. ap. J.C.) il est cité en qualité de scribe écrivant sous la dictée du sage Vyasa, à qui la tradition indienne est unanime à attribuer la paternité de la célèbre épopée. Sa défense brisée lui tenant lieu de calame, le scribe divin note à une vitesse vertigineuse chacun des 90 000 distiques forgés par Vyasa et narrant les luttes fratricides qui opposèrent les Pandava aux Kaurava. | ||||
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Ce n’est qu’à l’époque Gupta (IVe-VIe siècles) qu’apparaissent véritablement les premières représentations incontestables de Ganesh, dont l’iconographie demeurera curieusement figée dans le temps, ne tolérant au fil des siècles que d’infimes variantes locales. L’image du dieu est fixée : Ganesh possède une tête d’éléphant munie d’une seule défense complète et d’une trompe tordue tournée, le plus souvent, vers la gauche. Ses larges oreilles sont en forme de vans. Son corps est nu, l’abdomen proéminent et les membres courts. La couleur prêtée au dieu est le rouge, parfois le jaune ou le blanc selon les textes. Les bras sont au nombre de quatre, mais certaines formes du dieu le montrent doté de six, huit, dix ou même seize bras. Parmi les attributs les plus fréquemment représentés figurent le bol de gâteaux (modaka), le radis, la défense brisée, le lien, le rosaire, la hache, le croc à éléphant, le serpent et le lotus. Un serpent est noué autour de sa poitrine en guise de cordon brahmanique ou enserre son ventre à la manière d’un lien. Mais les formes ésotériques du dieu le représentent muni d’autres attributs : le vase à eau, le disque, l’arc et la flèche, la massue. Ganesh peut être doté de deux ou cinq têtes et son front s’orner du troisième œil, l’œil de la connaissance. Le plus souvent, sa tête s’orne d’une sorte de couronnes conique à éléments étagés. | ||||
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Lorsqu’il est figuré
assis,
Ganesh peut être représenté sur un siège ou sur un
piédestal de lotus (padmasana) ou sur sa monture. La position adoptée par le
dieu est souvent celle de « l’aisance royale » : jambe gauche repliée, genou
droit redressé avec le pied posé sur le siège. Parfois, la jambe droite est
croisée et repose sur la cuisse gauche, ou l’une des jambes est pendante.
Mais, en raison de la morphologie particulière de Ganesh et
de son ventre rebondi, les imagiers n’ont pas pu toujours respecter les
prescriptions iconographiques, se contentant alors de représenter le dieu
assis, les jambes écartées et légèrement redressées de part et d’autre du
ventre proéminent. Debout, Ganesh est figuré soit selon le principe de la stricte frontalité soit légèrement hanché ou encore le corps accusant une double ou une triple flexion. Mais le dieu est aussi figuré dansant. A Ganesh dansant les textes assignent huit bras et le jaune pour couleur. Mais les imagiers de l’Inde le représente doté le plus souvent de quatre bras – dont l’un tendu dans le geste appelé gaja hasta et évoquant la trompe de l’éléphant - la jambe gauche légèrement fléchie et le pied droit levé. Certaines images du dieu sont ostensiblement inspirées de l’iconographie krishnaïte : en particulier celle de Ganesh enfant, Bala-Ganapati. Le dieu est figuré dans l’attitude de l’enfant Krishna se trainant par terre, une main levée, l’autre posée à même le sol. Mais, là ou Krishna tient dans sa main levée une boule de beurre, Bala-Ganapati, doté quant à lui de quatre bras, porte le bol de modaka que lui ont offert ses dévots. Mais Ganesh peut également être figuré en compagnie de diverses divinités. Il apparaît souvent aux côtés de Shiva et de Parvati. Il est aussi représenté avec sa sakti – son énergie ou contrepartie féminine. Dépeinte sous les traits d’une gracieuse divinité, elle est assise sur le genou gauche du dieu, qui l’enlace tendrement, et tient souvent dans sa main gauche le bol de modaka. | ||||
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