La
Terrasse des Eléphants est axée sur la Porte de la Victoire d'Angkor
Thom et sur le milieu de l'enclos du Palais royal, auquel elle sert de
façade. Devant elle, s'étend la grande esplanade de la place du Palais royal,
avec ses 8 hectares.
La terrasse est en fait un terre-plein de 15 m de large, contenu sur ses faces
est et ouest par un mur de grès de 4 m de hauteur en moyenne. Long de près de
360 m, ce mur comprend un grand perron central, deux petits escaliers placés
chacun de part et d'autre de l'accès médian, et deux perrons annexes en bout de
terrasse.
Le perron central forme, sur le mur du côté de la Place royale, une avancée à
quatre redans de 32 m de long. Trois volées d'escalier permettent d'accéder aux
plates-formes successives. Le grand intérêt de cette terrasse est constitué par
la longue frise sculptée représentant un défilé d'éléphants presque grandeur
nature, ainsi que par les murs en retour de perron, avec leurs animaux mythiques
dressés. Le mur de grès parallèle à la Place royale est souligné par un
soubassement mouluré et par un bandeau haut. Le sculpteur a représenté, sur fond
de forêt, des éléphants de guerre en marche, harnachés, tous conduits par un
cornac, et en croupe, un combattant debout, bras armé levé. |
Les murs à
redans, en retour du perron central, sont sculptés de Garuda et de lions dressés
en position d'atlante. Les soubassements bas de ces diverses terrasses sont
agrémentés d'autres motifs plus petits, représentant des génies (Yaksa) et des
figures féminines ailées (Kinnari).
Les deux petits escaliers situés de part et d'autre du perron central sont assez
raides. Ils sont encadrés de chaque côté par trois têtes d'éléphants mitrées,
qui atteignent le haut du mur d'échiffre. Avec leurs trompes pendantes, ils
arrachent des bouquets de lotus. On retrouve le même motif aux angles des portes
d'Angkor Thom. L'escalier du
perron annexe sud est bordé des mêmes pachydermes tricéphales. En retour de son
mur d'avancée à redans, la frise d'éléphants se poursuit, se terminant par des
tailles de plus en plus réduites.
En fait, ce perron nord est constitué de trois avancées construites
successivement. Le premier soubassement porte des sculptures en haut-relief,
d'une bonne qualité plastique et très bien préservées, du fait qu'elles sont
restées enterrées pendant plusieurs siècles. Actuellement dégagées, on peut en
avoir un aperçu par une vue plongeante du haut de la terrasse. Leur
signification reste énigmatique. On peut reconnaître, au centre du panneau,
l'avant d'un grand cheval au poitrail décoré. Ses cinq têtes mitrées sont
accompagnées de parasols étagés. Il est entouré de petits personnages d'aspect
grotesque mais très expressifs et, à plus grande échelle, d'une suite de «
guerriers », en position de combat, jambes écartées, pieds posés sur des lotus,
armés de bâton et coiffés de casques à cimier, dont on ne connaît jusqu'à ce
jour aucun équivalent dans l'iconographie khmère. Parmi les guerriers et les
fleurs de lotus, évoluent aussi des danseuses à la coiffure en forme de tiare
décorée. |