Jusqu'à la fin de sa vie, Caillebotte peindra
des fleurs, thème qui apparait dans son œuvre en 1881. Dans une première
série de fleurs dans un vase, roses, reines marguerites, dahlias, giroflées
sont représentées en bouquet régulier et très serré, à l'image d'une boule
qui se détache nettement sur le fon de la toile. Peu à peu, la présentation
de ces fleurs toujours très simple, se fait plus libre et plus spontanée.
Lilas, pivoines, roses... envahissent l'espace vibrant, de leurs couleurs et
de leur forme gracieuse.
Les glaïeuls, dans leur vase que le
vert Véronèse fragilise, brandissent, tel un feu de joie, leurs gerbes aux
couleurs chaudes dans la quasi totalité du tableau, tant leur rayonnement
est intense. Ce motif, expression de la générosité d'une nature glorieuse,
contraste avec le fonds apaisant aux tonalités plus froides de bleus.
La superposition de deux couronnes de fleurs d'espèce et de qualité
opposées, par la taille, la forme, la densité colorée, met encore en valeur
les pétales et les glaives des glaïeuls. Leur magnificence surgit du modeste
bouquet. |
La fleur blanche, subtilement teintée de mauve,
est le point d'équilibre du bouquet, des couleurs et des volumes; elle
adoucit et fait éclater à la fois , les tonalités rouges. Qu'on la supprime
et le bouquet s'aplatit sur son fond bleu. Ployant sur la gauche, ce glaïeul
est balancé par la tache discrète de même couleur qui met en relief les
fleurs restées dans l'ombre et les intègre avec les autres dans l'espace.
Pour peindre cette toile, l'artiste semble travailler à sec. Il
juxtapose des touches aux teintes très rapprochées, ce qui accentue le
relief de son sujet. L'extrémité des pétales et des tiges se dissipe dans le
fonds par des touches à peine appuyées.
la facture de cette œuvre
témoigne d'un grand enthousiasme, à l'image de ce motif explosif. |