Le thème de Paris, qui a inspiré à l'artiste
ses œuvres majeures est repris ici par un temps de neige. Cet élément
naturel permet à l'œil de l'impressionniste, d'étudier le jeu de la lumière
auquel sont sacrifiées les formes et de saisir le fugitif à l'évanescent de
l'atmosphère.
Cette vue sous la neige est révélatrice de la dualité
constante de Caillebotte. A la fois disciple de Degas,
réaliste, et impressionniste, profondément marqué par Monet,
il reste fidèle à sa recherche de composition et des formes.
Le
sujet, le cadrage, le traitement de la lumière par l'intermédiaire de la
neige, le fond particulièrement vaporeux sur la gauche, sont du plus pur
impressionnisme. Mais si la neige renforce le contour des toits ou des
chiens assis, elle n'en abolit pas le dessin. Par son éclat, avec le rouge
brique des conduits et du mur de la maison, la fumée à peine perceptible qui
s'échappe de quelque cheminée, notamment de celle du centre du tableau,
cette neige fait revivre le paysage. Elle annihile la tristesse et le
silence de l'hiver, les persiennes closes, l'absence d'hommes, les murs
aveugles ou les arbres décharnés. |
La composition de la toile, coupée sur trois
côtés, entraîne le regard vers l'horizon. Les diagonales des toits sont
cassées par les verticales des cheminées qui ponctuent l'espace aérien en
direction des derniers plans. Les différents plans sont étagés en terrasses
ascendantes, selon une diagonale. Le vide de la rue de droite, par la
position des bois morts, conduite le passant imaginaire ou l'œil du
spectateur, dans le dédale des rues, en un circuit parallèle à celui des
toits.
Cette vue des toits parisiens, s'inscrit dans une série de
sept tableaux du même sujet, qu'un écrivain naturaliste, Rosny le
jeune, a évoqué ainsi : "... L'immense paysage de toits qui
semblaient peints par Caillebotte". |