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Vraisemblablement, le peintre nous offre ici
une vue de son atelier situé au deuxième étage de l'hôtel familial de la rue
de Miromesnil, comme le laisseraient penser les initiales G.C. que l'on lit
sur le revers d'une toile appuyée sur le mur, ou est-ce celui d'un ami ?
Rien ne permet de trancher ou de donner une date précise à cette toile des
débuts de l'artiste.
Ce thème, fréquent dans la tradition picturale, est
traité par Caillebotte, alors élève des Beaux-Arts, avec
réalisme et sans grande originalité. Le plat de cuivre et le tissu semblent
jetés là pour l'équilibre d'une composition soigneusement pensée.
Cependant si cette toile ne déflore en rien l'intimité de l'artiste, elle
nous donne une idée exacte des objets familiers qui meublaient son univers
personnel hors du contexte familial ou amical.
L'œil est
immédiatement focalisé sur la statue de plâtre dont la blancheur éclate dans
cet environnement sombre. Les diagonales de la corniche de la boiserie dont
le coin est masqué par la chute de l'épaisse étoffe vieux rouge et le
conduit du poêle mis en relief par la lumière, achèvent de recentrer le
tableau sur la gauche. |
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[N° 10] Intérieur d'atelier avec poêle (1872) Huile sur Toile (H. 0,81; L. 0,65) |
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La statue, une copie de l'Ecorché de
Jean-Antoine Houdon, objet d'étude anatomique dans
l'instruction académique, nous invite à regarder les deux triptyques du mur
de gauche. Il s'agit d'estampes gravées sur bois par des artistes
Ukiyo-e, actifs dans les années 1860, probablement
Yoshitora ou Yoshikazu dont certaines représentent
des étrangers dans une maison de thé, reçus par des geishas japonaises.
Les grands effets de perspective en diagonale et l'absence
d'horizon des deux tableaux japonais se retrouvent dans les toiles de
Caillebotte, considéré comme un des plus audacieux du
groupe impressionniste par "son ignorance des lois de la perspective". Le
vase, les plats et les lanternes en porcelaine japonaise témoignent encore
de l'intérêt que l'artiste portait au japonisme. Autre note d'exotique de ce
lieu, la représentation d'une plantureuse femme noire à l'épaule dénudée.
Au-dessus, la petite toile sans cadre, serait une étude de paysage de
Caillebotte. |
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