Le Jardin Tropical du Bois de Vincennes


Le jardin tropical du Bois de Vincennes a réouvert ses portes au public. Ce jardin de 4 hectares et demi, inauguré en 1907, a été racheté par la Mairie de Paris en mai 2003. Il est situé à l'extrémité nord-est du bois de Vincennes. Naguère propriété de l'Etat, il a été entretenu comme un site forestier mais est resté fermé au public pour raisons de sécurité, les bâtiments et monuments étant dans l'ensemble trés délabrés.

Un programme d'aménagement est en cours, mais le maire de Paris a d'ores et déjà autorisé la réouverture du jardin au public après d'importants travaux de sécurisation. Il se situe au 45 bis, avenue de la Belle-Gabrielle dans le bois de Vincennes (12ème).

Historique

A la fin du 19ème siècle, la France cherche à accroître les productions agricoles de ses colonies pour améliorer son approvisionnement en thé, café, cacao, épices... Un jardin d’essai colonial est créé en 1899 dans le bois de Vincennes pour coordonner les expériences agronomiques et multiplier les végétaux pour les introduire sur de nouveaux sites de production. Des serres et différents bâtiments abritent bureaux, laboratoires et bibliothèque. Le travail quotidien permet la réception de plants en provenance des colonies, leur culture et leur multiplication puis leur expédition vers de nouvelles colonies. Il s’agit de plants de café, de cacaoyer, de vanille et muscadiers, de bananiers. Chaque année le jardin colonial publie un catalogue de plantes disponibles et expédie 40 000 graines et plus de 10 000 boutures, semis et greffons dans des serres portatives vers les exploitations agricoles des différentes colonies.

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L’Exposition coloniale

De mai à octobre 1907, l’organisation de l’Exposition coloniale transforme le site. Cinq villages avec leurs habitants sont reconstitués : villages indochinois, malgache, congolais, ferme soudanaise et campement touareg. Le jardin est à peu près divisé en deux parties : l’Asie et l’Afrique Des pavillons accueillent des expositions de produits coloniaux : tapis, café, chocolat, thé à déguster sur place. L’Exposition accueille près de 2 millions de visiteurs en 6 mois.

La recherche agronomique

Le site reste consacré, dans sa partie ouest à la recherche agronomique, même après la délocalisation du CIRAD à Montpellier en 1976. Les bâtiments, pour certains transformés en bureaux, sont laissés à l’abandon. Dans le jardin, la végétation reprend ses droits, mais les plantes tropicales disparaissent. Après la première guerre mondiale, le jardin accueille des monuments aux morts évoquant les soldats originaires des anciennes colonies.

La réhabilitation du jardin d’agronomie tropicale

Depuis mai 2003, la Ville de Paris est rentrée en possession d’une partie du jardin d’agronomie tropicale. Un programme d'aménagement est en cours, mais le maire de Paris a d'ores et déjà autorisé sa réouverture au public.

1. Les Serres

Les serres étaient nombreuses au sein du jardin. Malheureusement, la plupart d'entre elles ont disparu. Les premières datent de la création du jardin d'essai, en 1899. la dernière de 1972 (encore en place). Certaines proviennent d'autres expositions, comme l'exposition universelle de 1900. L'une d'entre elles, construites pour l'exposition de 1905, est offerte par Monsieur Meunier, afin de présenter toutes les variétés de cacaoyer et de vanille.

Toutes ces serres étaient destinées à des cultures diverses, à des fins expérimentales, mais aussi à la multiplication des plants de café, muscadier, vanille, de plantes à caoutchouc et à quinquina, diverses variétés de coton,...

Les serres étaient le coeur de l'activité d'échange du jardin.
Chaque année, les nombreuses petites serres portatives expédiées dans les colonies contribuaient à la diffusion de nouvelles cultures.

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Jardin Tropical 2. Le pavillon de la réunion

Le kiosque est implanté dans le jardin en 1901.

Ce petit édifice en bois figure sur le plan de l'exposition universelle de 1900 comme "bar de dégustation", à côté du pavillon de la Réunion.

Son architecture, ainsi que celle des pavillons de la zone des anciennes colonies, est due à M. Scellier de Gisors, par ailleurs Architecte en Chef de l'Exposition et Inspecteur général des Bâtiments civils.

E. Prudhomme note en 1912 : "Un grand kiosque de 4 m de côté, en bois exotique, provenant de l'Exposition de 1900 destiné a abriter les collections de la Réunion et si possible, à titre temporaire, les produits économiques des Antilles, des Indes Françaises, de la Nouvelle Calédonie et des établissements français d'Océanie."
Les panneaux intérieurs présentent des échantillons de bois exotiques que l'on trouve aux Antilles.

3. Le pavillon de la tunisie

La Dépêche coloniale décrit ce bâtiment construit pour l'exposition de 1907 comme une "jolie construction mauresque toute blanche au milieu de la verdure". Le bâtiment est à la fois une salle de collection et un lieu de vente : M. d'Heilly parle du "grand Bazar de Tunis", où 's'alignent les splendides
collections de tapis d'orient, des broderies anciennes et modernes, de riches soieries, de brillants costumes arabes et des tentures, des meubles et des bijoux. Des produits agricoles sont exposés : huile d'olive, miel, céréales, fibres et vins. On peut déduire de ces présentations que les accords entre le Jardin colonial et les différentes concessions relevaient d'un ordre marchand autant que muséographique.

Lors de l'exposition, le pavillon est mis en scène, dans une décor d'aloès et de palmiers.

Emile Prudhomme rapporte qu'en 1912, "destiné au départ à abriter les collections de la Tunisie, ce bâtiment est devenu une réserve de 190 m2".
Les fenêtres sont agrandies en grandes baies lorsque le pavillon devient un laboratoire. Le bâtiment est alors étendu sur un plan cruciforme et il abrite le département de chimie.

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Jardin Tropical 4. Le pavillon de l'indochine

Ce bâtiment d'apparence assez imposante est construit en 1906 pour l'exposition de 1907. La Dépêche Coloniale rappelle qu'à l'époque il y avait de part et d'autre du perron deux plaques mentionnant les noms des pérsonnalités qui ont présidé à la constitution du Jardin colonial, à celle de son école et à l'exposition de 1907.
Le même journal décrit ce batiment de 30 m x 10 m. comme "très simple, surmonté d'une verrière qui l'éclaire largement". Il ne présente en effet aucune touche d'exotisme.

Le palais de l'Indochine comprend au premier étage une galerie circulaire embrassant l'exacte topographie du rez-de-chaussée.
Le pavillon abrite une collection de riz et d'autres plantes alimentaires (patates, taros, ignames, manioc, maïs, haricots, café, épices, thé, pousses
de bambous...), les fibres destinées au tissage, les produits manufacturés et médicamenteux, de l'artisanat, des bijoux, soieries, bois et meubles sculptés, instruments de musique, insectes.
Au milieu de la salle se trouve une splendide vitrine annamite dans laquelle sont exposés des matières premières et produits manufacturés.

Jardin Tropical 5. serre du dahomey

Cette serre provient de la partie coloniale consacrée au Dahomey (aujourd'hui Bénin) à l'Exposition Universelle de 1900 au Trocadéro. Son architecture est due à M. L. Siffert. De jolis bas-reliefs à l'inspiration végétale sont dessinés dans le ciment. Cette serre chauffée est dite "d'acclimatation pour les plantes tropicales". Elle est implantée sur le site en 1901 en même temps qu'une case malgache proche.

La SNHF rapporte lors d'une visite en Octobre de la même année que la serre abritait une collection de plantes grasses et qu'elle était entourée de "poteaux fétiches" provenant également de l'exposition de 1900. Les totems sont déménagés avant 1905 : certains sont utilisés pour la construction du kiosque malgache, d'autres sont présentés dans les salles de collections de l'Afrique occidentale française. La bibliothèque historique du CIRAD en détient encore quelques-uns. En 1912 elle renferme toujours des plantes grasses et des agaves.

6. porte chinoise

Cette porte en bois pourrait provenir de l'Exposition coloniale de 1906 au Grand-Palais. Elle est implantée sur l'allée centrale près de la nouvelle entrée créée pour l'exposition de 1907. Sur la partie droite se trouve la partie asiatique, sur la gauche, la partie africaine.

On pouvait voir sur le linteau de nombreux bas-reliefs représentant des scènes théâtrales et des animaux. Au-dessus de l'arche centrale se détachait un cartouche dont le caractère symbolise le bonheur. "Ce panneau est encadré par deux dragons affrontés autour d'une boule entourée de flammes, désignée communément comme une perle, et par deux phénix sculptés. Toujours au-dessus de cette arche centrale, on remarque un décor de fleurs, de dragons, de personnages représentant sans doute des paysans chinois, et des motifs géométriques. Au-dessus, des deux ouvertures latérales, plus étroites que l'ouverture centrale, on voit l'un des quatre animaux symboliques, le K'i-lin (ou licorne, Ky-lân en vietnamien), appelé cheval-dragon chez les Vietnamiens. C'est un animal composite à tête de dragon, à sabots de cheval, à queue touffue, et au corps recouvert d'écailles. Enfin, le deuxième toit du portique est surmonté d'une reproduction en réduction de ce même portique, avec un petit panneau garni du caractère de la longévité (tho). Ce panneau est encadré par deux poissons dressés."

Cette porte très dégradée, a été restaurée par le Souvenir Indochinois en 1921. La tempête de 1999 l'a à nouveau fortement abîmée.

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7. esplanade du dinh

A l'origine le Temple communal « le Dinh », construit par les habitants de la ville de Thu Dau Mot en Cochinchine fut envoyé par eux à l'exposition coloniale de Marseille en 1906.

Le gouvernement français en fit l'acquisition et le fit réédifier à Nogent à l'occasion de l'exposition de 1907 dans le jardin colonial.

1917 - Le souvenir indochinois cherche un lieu convenable pour honorer la mémoire des Tirailleurs morts pour la France.
Le choix se porte sur la Maison de Thu Dau Mot qui devient la Pagode du souvenir, un DÊN.

1919 - L'empereur d'Annamr KHAI-DINH dédie ce lieu aux esprits des Annamites, par un rescrit porté par un mandarin de la cour de HUE.

9 juin 1920 - Consécration définitive de la Pagode lors d'une grandiose cérémonie présidée par Albert SARRAULT, ministre des colonies, en présence du Maréchal JOFFRE, d'un représentant officiel de l'Empereur, entouré des plus hautes autorités militaires et coloniales.

Pour cette consécration d'importants travaux ont été réalisés.

Face à la Pagode, un vaste portique en pierre de facture sino vietnamienne. Au centre de la cour une monumentale urne funéraire en bronze, copie des urnes dynastiques du Palais Impérial de Hue. La pièce d'eau qui voisine est décorée de vases de céramique de Hué.

A cet ensemble s'ajoute une grande stèle reposant sur un puissant soubassement de granit dans le style des monuments aux morts métropolitains perpétuant le souvenir des Indochinois Chrétiens.

26 juin 1927 - L'Empereur KHAI-DINH accompagné de son fils, le futur empereur BAO-DAI, se rend en pèlerinage au Temple.

Le Temple du Souvenir Indochinois, véritable perle de l'Asie périt dans les flammes avec les trésors qu'il renfermait lors d'un incendie criminel (après le pillage...) le 21 avril 1984.

Un nouveau Temple, élevé par souscription auprès de l'ANAI sera inauguré le 4 avril 1992.

L'ANAI en assure l'entretien et organise chaque année, le jour des morts, une cérémonie du souvenir autour de cette pagode.

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le village indochinois

Le village Indochinois s'étendait sur ce site. Une série d'objets, essentiellement des poteries vernissées, était disposée dans un paysage asiatique reconstitué. Certains ont disparu, d'autres ont été conservés pour être exposés ultérieurement. De petits monuments sont encore en place, comme le pagodon très détérioré, à qui il manque aujourd'hui la partie supérieure [9]. Ce petit Temple fut inauguré par l'empereur Bao Daï.

Le pont khmer
[8] ou pont des najas ou "nagas" est en ciment. Il semble avoir été ajouté dans les années 1921 lors des travaux du Souvenir Indochinois et de la création d'une perspective entre les deux monuments aux morts. Il resterait à savoir s'il s'agit d'un objet de récupération ou s'il aurait été éventuellement construit par M. Aubernet en même temps que le stūpa.
Les nagas sont dans la mythologie khmère "des êtres surnaturels, mi-humains, mi-serpents, divinités de la terre et des eaux."

Un petit étang est aménagé sous la terrasse du pavillon de Cochinchine pour l'exposition de 1907. Ce délicieux petit lac artificiel sur lequel évoluent des palmipèdes des différentes colonies" est en partie bordé par un décor de rocaille.
La pièce d'eau creusée pour l'exposition de 1907 est alimentée par un ru nommé "arroyo" dans les descriptions. Le cours de celui-ci sera déplacé en 1921, et son île sera supprimée.

Un troisième pont, en bois avec un toit en chaume, a disparu, ainsi que le mirador tonkinois de 8 mètres de haut, et le diorama qui présentait des reproductions de paysages Indochinois.

L'architecte du pont tonkinois, construit en ciment en 1907. est M. Leloup. en charge des travaux de décoration du nouvel Hôtel du Gouvernement général à Hanoi. M. Leloup est également le concepteur du village Indochinois et du diorama.
Des poissons en céramique surmontent les piles les plus hautes dés 1907. les autres sont ajoutés en 1921 par le Souvenir Indochinois. Ces poissons, très dégradés, ont été retirés du jardin et sont entreposés par la ville de Paris.

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Poursuivez votre pèlerinage par cette allée circulaire, passez devant le « Portique Chinois » et découvrez dans une clairière quatre statues ramenées vers 1975 de l'esplanade de Vincennes.

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