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Marrakech

Marrakech
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Rouge avec pentagone étoilé vert
 (sceau de Salomon) au centre (1915)

Capitale d'empire dès sa fondation, Marrakech, la métropole du sud marocain, demeure auréolée d'un grand prestige : celui d'avoir donné son nom au royaume tout entier. Elle se distingue par le caractère atypique de sa population et reste la métropole des Berbères et des nomades du désert.

Marrakech est en grande partie l'œuvre de deux dynasties berbères, les Almoravides du Sahara et les Almohades du Haut Atlas. Abou Bekr, célèbre chef almoravide, aurait le premier bâti, en 1062, une casbah de pierre au nord de l'actuelle Koutoubia, rapidement transformée en citadelle par Youssef Ben Tachfine, son cousin et successeur. Celui-ci va, en quelques années, établir un empire qui s'étend de l'Atlantique à Alger et de l'Espagne au Sahara. Lorsque Youssef meurt, son fils, Ali Ben Youssef, donne à la ville un visage digne de cet empire. Mosquées, palais, hammams et remparts s'élèvent pour la plus grande gloire du style hispano-mauresque. Mais les Almoravides sont menacés par les raids des Almohades, rigoureux orthodoxes de l'Islam, unis sous la houlette du prédicateur Ibn Toumert. La ville tombe en 1147 aux mains du sultan almohade Abdelmoumen. Sous la pression des oulémas réformateurs il ordonne la démolition des palais et mosquées. Marrakech devient le centre de l'Islam occidental et, protégée par les Berbères du Haut Atlas, va jouir trois quart de siècle durant d'une paix propice au développement du commerce.
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Mais les souverains almohades sont aussi des bâtisseurs. Dès le début de son règne, Abdelmoumen entame la construction d'un des chefs d'œuvre de l'art hispano-mauresque, la mosquée de la Koutoubia (Koutoubiyya). Une génération plus tard, Abou Yacoub Youssef (1163-1184) élargit la ville par l'adjonction de la casbah, un nouveau quartier à l'abri des remparts, et crée le jardin de l'Agdal. Son fils Yacoub El-Mansour (1184-1199) ajoute une nouvelle ville impériale au sud. De cet ensemble seules ont été conservées la mosquée et la belle porte du palais appelée Bab Agnaou. Contrastant avec les édifices almoravides, abondamment décorés, les constructions almohades témoignent d'une parfaite unité conceptuelle et artistique. Elles présentent une élégance de lignes, une simplicité de formes et une esthétique austère fidèle au puritanisme religieux de cette dynastie.

La mort de Yacoub El-Mansour sonne le déclin de la puissance almohade. En 1212 son fils est écrasé lors de la fameuse bataille de Las Navas de Tolosa. Une longue période d'anarchie et de luttes fratricides ébranle le gouvernement almohade qui s'effondre en 1276. Marrakech a déjà été conquise en 1269 par une nouvelle dynastie, celle des Mérinides. Comme ceux-ci résident à Fès, la cité perd pour deux siècles son rang de capitale. C'est dans une ville en ruine que pénètrent en 1522 les Saadiens. Leur nom sera le symbole de la renaissance de Marrakech. L'un d'eux, Ahmed El-Mansour, El Dehbi, « le Doré » construit au nord de la casbah, un immense palais d'apparat, El Badi. Quelques années après la mort d'Ahmed El-Mansour, le Maroc entre dans une crise profonde et Marrakech succombe aux Alaouites en 1668. Sous leur règne le siège du royaume est transféré à Fès, puis à Meknès.

Le sultan Moulay Mohamed Ben Abdellah refait de Marrakech sa capitale. De 1757 à 1790 son règne profite largement à la ville. Dès son avènement, le sultan entreprend d'importantes opérations de restauration de la casbah et des remparts, fait aménager plusieurs jardins et construit un nouveau palais royal. Après sa mort la ville connaît des années de troubles et d'indigence. Tout le XIXème siècle retentit de l'écho des luttes fratricides et des révolutions de palais dont jouent les puissances européennes. En 1912, sous le protectorat, Lyautey, demande à l'urbaniste Henri Prost de moderniser la ville : celui-ci crée à côté de la médina un nouveau quartier, le Gueliz, pour loger l'administration et les fonctionnaires du protectorat.
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Marrakech est entourée sur dix-neuf de kilomètres d'imposantes murailles, hautes de 6 à 8 mètres et larges de 1,50 à 2 mètres, en pisé d'argile et de chaux. Elles sont renforcées par de puissantes tours de garde et percées de dix portes monumentales de style hispano-mauresque. A l'intérieur des remparts, de petites maisons basses en pisé rose alternent avec de somptueuses demeures édifiées par les fonctionnaires du prince ou les riches marchands. De vastes espaces, situés à l'est, ouest et surtout sud, abritent de magnifiques jardins. Semblable aux autres cités, Marrakech comprend trois ensembles : la médina proprement dite, la casbah et le mellah. L'espace qui les relie est la grande place Jemaa El-Fna, vaste théâtre populaire : musiciens, danseurs, conteurs, charmeurs de serpents y attirent citadins ruraux et touristes. Le matin s'y étale le marché des denrées, fruits, légumes et épices, et des articles d'occasion divers ; le soir, ce sont des gargotes en plein air qui occupent le terrain. Dominée par le magistral minaret de la Koutoubia, cette vaste place était et reste le point de convergence des routes et le lieu de rencontre entre habitants de la cité et étrangers, le cœur de Marrakech.

A partir de Jemaa El-Fna, le réseau dense des ruelles de Marrakech s'étend à travers la cité comme une toile d'araignée. Son tracé est plus simple, plus cohérent que celui de Fès. Les vastes souks commencent à Jemaa El-Fna et s'organisent au nord et à l'est, comme dans les autres villes impériales, par corps de métier. Proche du souk Kassabine, souk des épices et des fruits secs, se trouve le souk Smarine (ancien souk des maréchaux ferrants) qui est maintenant celui des étoffes. On trouve ensuite le
souk Zrabia "la criée berbère" où les tapis sont adjugés en fin d'après-midi, le souk El Kebir, celui des maroquiniers, le souk des Chouari, où l'on sculpte le bois de citronnier et de noyer, le souk Smata, celui des babouches, le souk des teinturiers ou encore celui des dinandiers. Contrairement à Fès, Marrakech ne possédait guère d'industries d'exportation. Elle constitue avant tout un immense marché pour la région. Seule la fabrication du cuir, qui occupe une superficie très importante dans le réseau des souks.

 
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A côté de la médina se trouve la casbah, la ville royale de Marrakech. Son architecture lui confère une dimension humaine, mesurée et accueillante. Les murailles attestent d'une certaine confiance entre les souverains almohades, les citadins et la population rurale. La cité impériale compte trois parties : l'une publique et utilitaire ; la deuxième, privée ; la troisième comportant des jardins et deux immenses bassins. Ces constructions, tour à tour, dévastées, réparées par les dynasties successives sont toujours utilisées.

Inaugurée en 1158 par Abdelmoumen, qui voulait consacrer sa prise du pouvoir à Marrakech et élever de nouveaux sanctuaires dès la destruction des édifices almoravides, la mosquée de la Koutoubia doit son nom aux cent libraires (koutoubiyyin) qui en occupaient le parvis. Pour une raison de mauvaise orientation par rapport à la Mecque, elle sera remplacée presque immédiatement par un second bâtiment, achevé par son successeur Abou Yacoub en 1199. La nouvelle Koutoubia, 90 mètres de largeur pour 58 mètres de profondeur, peut accueillir 20 000 fidèles. Elle est formée de 16 nefs parallèles d'égale largeur perpendiculaires au mur qui indique la direction de la Mecque, la qibla. L'intérieur de la Koutoubia, peint tout en blanc avec des décors géométriques épurés, est d'une sobriété distinguée et presque austère si on le compare à l'ornementation almoravide. Le minaret de la Koutoubia, splendide sentinelle postée à 70 mètres au-dessus de la ville, a servi de modèle à la Giralda de Séville. Son décor extérieur, qui se déploie sur des moellons roses du Gueliz, est différent sur chaque face : c'est un jeu savant entre ornements floraux, épigraphiques, arcs festonnés et bandeaux de faïence. La légende veut que les quatre boules de cuivre qui couronnent le lanterneau aient été jadis d'or pur : celui des bijoux qu'offrit une épouse d'El-Mansour pour avoir rompu le jeûne du ramadan. La plus grosse atteint tout de même deux mètres de diamètre.

 
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La mosquée de la casbah est l'œuvre du souverain almohade Yacoub El-Mansour. Commencée vers 1190, elle se distingue par son très beau minaret qui rivalise avec le joyau qu'est la Koutoubia. Remaniée à plusieurs reprises, cette mosquée, qui a perdu son ornementation originale, reste un des monuments les plus classiques de l'architecture hispano-mauresque. Longue de près de 80 mètres, elle comprend une salle de prière en forme de T et cinq cours intérieures ouvertes, agrémentées de bassins et de fontaines. La silhouette puissante du minaret, bâti comme les autres minarets almohades sur un plan carré, domine l'angle nord-ouest de la salle de prière. Dépouillé de tout ornement jusqu'à hauteur des toits du sanctuaire, et sobrement décoré au-delà, il est ceint d'une frise de faïence verte. Un magnifique réseau d'entrelacs en relief couvre la plus grande partie de ses quatre faces. Son lanterneau est surmonté de trois mythiques boules de cuivre, qui seront surnommées au XVIème siècle « les pommes d'or ».

Désormais protégée par des grilles en fer forgé, la koubba almoravide, datant du règne d'Ali Ben Youssef (1107-1143) est l'un des rares exemples d'architecture de cette époque et le seul monument almoravide subsistant. Elle faisait sans doute partie des annexes pour la toilette et les ablutions qui jouxtaient une mosquée aujourd'hui disparue. Au premier abord c'est un édifice assez simple, une structure carrée de briques et de pierres surmontée d'un dôme très décoré, avec un dessin d'arcs entrecroisés et, en haut, un motif d'étoiles et de chevrons. A l'intérieur, le plafond qui supporte la coupole est sculpté d'une manière très élaborée avec un octogone inscrit à l'intérieur d'une étoile à huit branches. Les motifs décoratifs comme la palmette, la pomme de pin et la feuille d'acanthe sont d'inspiration typiquement almoravide.

L'entrée du musée de Marrakech se situe juste au fond de la place devant la koubba. Ce musée est installé dans un palais du début du XXème siècle, Dar M'nebhi qui abritait auparavant le ministère de la guerre marocain. Autour du vaste patio, entièrement pavé, avec un chandelier en cuivre au milieu et couvert d'un toit transparent se trouvent les salles des manuscrits coraniques, des monnaies anciennes, des céramiques et des tissus.

     
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En 1578, Ahmed El-Mansour entreprend la construction d’un immense palais d’apparat, al-Badi, destiné aux grandes réceptions et aux audiences solennelles. Pour édifier ce palais, le sultan choisit un ancien jardin almohade à l’abandon, au nord-est de la casbah. Les travaux commencèrent en 1578 et s’achevèrent vers 1593-1594. La disposition générale du palais et son ornementation s’inspirent de l’architecture de Grenade. Pour permettre l’irrigation des jardins, on a installé de vastes bassins au-dessus du niveau du sol. Cette contrainte oblige les bâtisseurs à mettre au niveau de l’eau les principales salles du palais en les construisant sur des arcades de briques. A l’intérieur du bâtiment, ils aménagent une immense cour rectangulaire, au centre de laquelle ils créent un grand bassin. De part et d’autre de ce bassin, deux parterres rectangulaires sont divisés en surfaces carrées, compartimentées par des allées couvertes de zelliges multicolores. De chaque côté de la cour s’élève un pavillon monumental coiffé de coupoles à tuiles vertes.

Al-Badi était protégé par de hautes murailles, sur lesquelles on avait élevé quatre tours d’angle. Le palais n’a servi que trois quarts de siècle aux réceptions royales. Puis Moulay Ismaïl le démantela entièrement, utilisant ses marbres, ors et bois précieux pour la construction de la ville impériale de Meknès. De ce fabuleux palais il ne reste que la structure de base laissant deviner les bassins, les jardins, ainsi que quelques pans de murs de brique et de terre ocre.

Dans un tout autre esprit, le palais al-Bahia, « la Brillante » est l’œuvre de deux grands vizirs de la fin du XIXème siècle, Si Moussa et son fils Ahmed, dit, Ba-Ahmed. La partie ancienne est assez simple ; ses constructions entourent une cour pavée de marbre, dans laquelle sont aménagés deux bassins en étoile et un grand jardin mauresque, de forme rectangulaire. Ba-Ahmed, à qui l’on doit la partie récente, fait bâtir un immense palais. Sa construction dure sept ans et l’ensemble ne répond à aucun plan cohérent. C’est une suite de bâtiments qui renferment des patios remplis d’arbres et de fleurs et de grandes cours, le tout étendu sur près de huit hectares. La plus intéressante de ces constructions est certainement celle qui comprend une grande cour pavée de zelliges, ornée de marbre blanc et ceinte d’une galerie à colonnes peintes.

Loin de l’effervescence des souks de la médina, à l’ouest de la ville, s’étendent les splendides jardins de la Menara avec leur immense oliveraie, agrémentée d’un vaste bassin où se reflète un charmant pavillon. Sans doute créés au XIIème siècle, à l’époque almohade, entretenue sous le règne des Saadiens, ces jardins ont été réaménagés par Moulay Mohammed ben Abderrahman (1859-1873), qui y a reconstruit le pavillon de plaisance aux murs épais et aux angles de briques, coiffé du traditionnel toit pyramidal de tuiles vertes. L’aménagement et le décor intérieur sont très simples, mais cet ouvrage a été conçu dans le cadre d’une composition d’ensemble conforme à l’idéal du jardin impérial marocain.

     
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